Restauration de deux troncs de quête peints dans une collection ethnographique : intérêt d’une collaboration entre une restauratrice de sculpture et une restauratrice de peinture
Anaïs Gailhbaud, Restauratrice de sculpture
Résumé
Les objets en bois peints se situent bien souvent à l’intersection entre les spécialités sculptures, peinture et mobilier, dispensées dans les écoles françaises de restauration. Rappelons que cette catégorisation des restaurateurs renvoie à celle des artisans et des artistes et que dans plusieurs pays étrangers, les classifications dans les universités et écoles font références plus directement aux techniques et aux matériaux. Par exemple : objets en bois (Cologne), sculptures en bois polychromées et peintures (Hildesheim), œuvres peintes sur support bois et textiles (ISCR, Rome, académie des beaux arts de Naples), meuble et objets liés (West Dean college, UK dans une catégorie arts décoratifs et appliqués), surfaces peintes (Delaware university, USA)…
Certains objets requièrent des compétences multiples. D’autres parce qu’ils pourraient être traités par des restaurateurs de différentes spécialités peuvent faire l’objet de collaborations enrichissantes où seront débattus les réflexes liés à chaque pratique.
En octobre 2011, le MuCEM (Musée des civilisations d’Europe et de la Méditerranée) nous a questionné à propos de la restauration de deux troncs de quête grecs datés du XVIIIème et XIXème siècles acquis sur le marché de l’art par le musée.
La nature des décors peints et des techniques utilisées l’incite à faire appel pour ce travail à Laurence Mugniot, restauratrice de peinture.
Les œuvres sont en 3 dimensions et présentent une valeur d’usage, caractéristiques familières à un restaurateur de sculptures ou de mobilier. Elles présentent un décor très fin de représentations anthropomorphes, peint et verni sur des surfaces planes, caractéristiques auxquelles un restaurateur de peintures est constamment confronté.
Par ailleurs, le statut de l’institution présentant l’œuvre, dont le fond est historiquement de nature ethnographique peut orienter différemment les traitements.
Les œuvres présentent essentiellement des altérations de la surface : encrassement d’une cire recouvrant partiellement les surfaces, vernis jauni et lacunes.
Elles semblent présenter des traitements récents des surfaces, peut-être d’entretien et des nettoyages réalisées sur le marché de l’art.
Les deux boites peintes de figures religieuses ont fait l’objet d’une étude et d’un traitement en binôme par les deux restauratrices aux spécialités différentes.
La collaboration entre une restauratrice de sculpture travaillant souvent sur des collections ethnographiques et d’une restauratrice de peinture a permis à la fois une complémentarité des connaissances et des techniques et une confrontation régulière des points de vue sur le dévernissage, la retouche et le revernissage.